La conscription naît en France en 1792 et la loi Jourdan-Debrel du 19 fructidor an VI (05/09/1798) crée le service militaire permanent. Un décret impérial du 8 nivôse an XIII (29/12/1804) met en place Conseil de Révision (cantonal) et tirage au sort des conscrits.
En effet, seuls 30 à 35 % des conscrits célibataires ou veufs sans enfant effectuaient leur « service« . Mais, compte tenu des dispensés, soutiens de famille, ajournés ou réformés, le Conseil était souvent obligé de « monter » jusqu’aux numéros 70 ou 80 pour trouver les 35 hommes du quota cantonal (par ex. sur 100 appelés au Conseil).
Les remplacements étaient possible et se traitaient par un contrat devant notaire.

Mais c’est après la défaite de 1871 que se met en place, l’organisation qui rythmera la vie des jeunes hommes de l’époque qui nous concerne ici.

Après le recensement militaire (différent du recensement général, quinquénal, de la population) et le Conseil de révision, les hommes jugés « bons pour le service actif » vont faire un temps dans l’armée d’active.
Une fois « leur temps » terminé, ils passent automatiquement dans la réserve de l’armée d’active. Ils devront alors participer à deux périodes d’exercice de 15 jours chacune.
En cas de mobilisation, ils rejoignent l’unité désignée par leur livret individuel, complètent cette unité ou forment des « régiments de réserve » .

Après le nombre d’années prévu passé dans la réserve de l’armée d’active, ils rejoignent l’armée territoriale. En cas de mobilisation, les unités de celle-ci sont destinées à tenir les places, rester à l’arrière (en fait, pendant la guerre de 14, les régiments territoriaux monteront au front).
Une période d’exercice est prévue dans cette étape, avant de passer dans la réserve de l’armée territoriale. Les effectifs de cette réserve pourront compléter les régiments territoriaux et, à partir de 1890, former les GVC (Gardes des Voies de Communication), pour surveiller les voies ferrées stratégiques et les points importants du littoral.

Une fois arrivés à l’âge prévu par la loi de recrutement, alors en application (pas celle du temps de leur conseil de révision), les hommes sont dégagés de toutes obligations militaires. Leur livret matricule est détruit.

Dans les fiches matricules les dates de passage dans les différentes catégories sont notées dès le Conseil de révision, et sont modifiées par des ratures au fur et à mesure des différentes lois de recrutement

Les lois de recrutement

Loi du 10 mars 1818 (Loi « Gouvion-Saint-Cyr »)

Créé un service de 6 ans (du 1er janvier au 31 décembre de la 6ème année) devant constituer une armée de 240.000 hommes (soit un tirage au sort de 40.000 jeunes chaque année) dont la taille minimum est ramenée à 1,54 m. (contre 1,62 m. sous l’ancien régime). Le remplacement est possible

Loi du 21 mars 1832 (Loi « Soult »)

Le service est porté à 7 ans.
Le remplacement sera supprimé en 1855 et remplacé par l’exonération moyennant la somme de 2.800 F. pour les 7 ans (ou 500 F. pour chaque année restante du service)

Loi du 12 février 1868

Par tirage au sort, le service est de 5 ans pour la moitié de la population, de 6 mois pour l’autre. Le remplacement est à nouveau autorisé. La Loi « Niel » du 1er février 1868 avait institué la « Garde nationale mobile » qui devait être constituée des jeunes aptes au service mais ayant tiré un « bon numéro ». Leur instruction militaire d’une quinzaine de jours et leur organisation « aléatoire » ne leur donna pas une grande utilité pendant la guerre de 180, à un certain nombre d’exceptions près, où ils firent preuve d’un grand courage, en particulier à Belfort.

Loi du 27 juillet 1872

Met en place le service militaire obligatoire pour tous les Français, sans possibilité de remplacement qui disparaît. Un tirage au sort est fait : les bons numéros font un an de service, les autres 5 ans. Enseignants et religieux sont dispensés. Suppression des « Mobiles ».

Loi du 15 juillet 1889

Le service actif est réduit à 3 ans, sauf pour les bons numéros (1 an) et les hommes faisant valoir un bon motif de dispense (tel un frère aîné au Service).

Loi du 21 mars 1905

Suppression du tirage au sort et service actif universel de deux ans.

Loi du 7 août 1913

Le service actif est porté à 3 ans au lieu de deux.

En résumé : Durée des obligations militaires à l’aube de la guerre de 14-18

Loi de 1872 Loi de 1889 Loi de 1905 Loi de 1913
Age au Conseil de révision 20 ans 20 ans 20 ans 19 ans
Armée d’active 5 ans 3 ans 2 ans 3 ans
Réserve de l’armée d’active 4 ans 7 ans 11 ans 11 ans
Armée territoriale 5 ans 6 ans 6 ans 7 ans
Réserve de l’armée territoriale 6 ans 9 ans 6 ans 7 ans
Durée des obligations militaires 20 ans 25 ans 25 ans 29 ans

La loi modifie le sort réservé à chaque homme : d’où les modifications des dates de changement de statut, notées dans les fiches matricules

Ce résumé montre l’allongement de la durée des obligations militaires